Récit de mon UT4M Chartreuse 2015

Ça y est : 2 ans après l’ultra trail du Vercors en duo, je suis à nouveau finisher d’un trail long de plus de 40 km. J’ai pris beaucoup de plaisir sur cet UT4M Chartreuse 2015 et j’ai le sentiment d’avoir tout donné ! Je vous raconte ce moment fort de ma saison dans cet article.

La douleur d’avant-course

Comme je l’explique dans l’article cap sur mon premier trail en Chartreuse, une douleur en haut du dos se réveille à quelques jours du départ. Et elle devient aigüe ! 2 jours avant la course, je suis obligé de prendre des anti-douleurs pour calmer tout ça. L’avant-veille, je passe une nuit difficile où je suis réveillé par la douleur que je calme avec des médocs. La veille de la course, à force de me shooter, ça va légèrement mieux.  A partir de H-24, je décide de ne prendre que du paracétamol pour éviter de mettre toute « saleté » dans mon organisme (qui me causerait des problèmes de digestion par exemple). J’ai fait attention à la diététique la dernière semaine : ni alcool (pas même une petite chartreuse pour calmer la douleur) ni saucisson. Alors pas question de tout gâcher!

On me suggère que ça peut être psycho-somatique. Je n’y crois pas trop mais je me dis quand même qu’un travail mental et quelques exercices respiratoires pour me détendre peuvent m’aider.
Alors la veille au soir, je m’enferme dans ma chambre pour un dialogue intérieur : «ça fait trop longtemps que j’attends ça, c’est pas un mal de dos qui va m’emmerder », «  je veux me jauger pour voir où j’en suis, je vais lâcher les chevaux demain faut que je me mette minable !». Je chasse mes doutes et je me pose en écoutant de la musique calme en respirant profondément (mais je n’utilise aucune substance particulière pour me détendre, je tiens à le préciser).

Top départ

Je mets le réveil à 5h50 le samedi matin car il faut être à 7h30 au parc Paul Mistral pour prendre la navette qui nous amène à Saint-Nazaire-les-Eymes. Mais mon fils pleure à  5h40 ce qui me sert de réveil ! Sa manière de m’encourager sûrement… En tout cas, je suis content de lui faire un câlin mais je suis incapable de le consoler tellement je suis pressé d’aller prendre mon petit déj’ pour avoir le temps de digérer (et faire de la place ensuite.). Heureusement, madame est là…

Après le petit déjeuner, je prépare soigneusement mon matériel : strapping à la cheville, gourdes avec poudre « magique », poche à eau, bâtons,… et c’est parti ! Une fois sur place, je fais un léger échauffement puis je croise une connaissance avec qui je vais faire une bonne partie de la course.
Et à 9h c’est parti pour cette belle aventure! Je prends un départ prudent car nous allons cumuler pas mal de dénivelé positif d’entrée (environ 1800 mètres de D+) pour monter à Chamechaude. Je garde en tête la montée au fort de Saint-Eynard pour laquelle il faut garder du jus.

La montée à Chamechaude

Je sens rapidement que je suis dans un bon jour. Ça ne va pas assez vite alors je pique des accélérations pour doubler en montée, le chemin étant étroit. Je ressens un peu la douleur au dos mais je pense à autre chose. Je suis content de trouver de la pastèque au premier ravitaillement et je profite de cet arrêt pour satisfaire un bref besoin bien naturel.
Après une petite phase roulante, nous attaquons la montée finale vers Chamechaude. Je ressens un premier léger coup de mou, quelques personnes me doublent mais je ne m’affole pas. Et puis, sur le haut je retrouve mes sensations et je rattrape d’autres personnes. La descente est technique mais je ne me pose pas de question et j’ai entièrement confiance en ma cheville strappée. Je rattrape rapidement un petit groupe qui stoppe mon avancée. J’attends patiemment que le sentier s’élargisse pour doubler à fond la caisse. Je fais vraiment la descente car il ne faut pas s’endormir.
Nous approchons du Sappey, lieu du deuxième ravitaillement, quand je rattrape un coureur visiblement au bord des crampes. Je viens aux nouvelles et il m’explique qu’il n’a plus d’eau : je lui tends donc ma gourde car j’ai encore du rab. C’est ça aussi l’esprit trail!

UT4M Chartreuse 2015

La montée au fort du Saint Eynard

Après un arrêt au 2ème ravito, lors duquel je refais notamment les réserves en eau, nous attaquons la courte mais intense montée au fort de Saint Eynard. Je ressens un petit coup de mou comme je l’avais anticipé. Je gère sans m’affoler, je suis rattrapé par quelques  personnes puis et je m’accroche à un petit groupe de coureurs pour les suivre dans la descente. Je fais cette descente assez vite et j’ai une petite frayeur à la cheville droite qui part un peu. Tout va bien mais je ralentis alors l’allure pour ne pas prendre de risque inutile. J’arrive alors au dernier ravito où j’ai besoin de souffler plusieurs minutes car je commence à être entamé ! Je m’offre un fond de coca-cola pour me faire un petit plaisir même si ce n’est pas très bon pour le ventre et que ça me fait faire des bruits bizarres…

L’interminable descente vers Grenoble

Avec la chaleur, je m’hydrate de plus en plus et je m’alimente très peu sur la fin du parcours car je commence à être écoeuré ! J’ai envie de salé bon sang! Je marche tout le long de la dernière légère montée depuis le col de Vence. Une jeune fille me suit à la trace depuis plusieurs minutes et je me retourne donc pour lui demander comment ça va. Elle me répond « tu m’aides beaucoup, je fixe tes baskets depuis mal de temps ! » Hum… mes baskets…vraiment ? Bref, ça me motive aussi d’assurer le tempo et je suis prêt à attaquer la dernière descente.

Mais celle-ci me paraît terriblement longue. La chaleur commence à se faire sentir de plus en plus et je me vide un bidon d’eau sur la tête en arrivant à la bastille. Et puis surtout, je pense au dernier replat de 2 km pendant lequel il va falloir courir. Heureusement, les nombreux encouragements des gens me portent.

Un ultime effort avant le bonheur

Arrivé en bas, je mets quelques secondes à remarquer la ligne jaune (qui se voit pourtant comme le nez au milieu de la figure) qu’il va falloir suivre pour terminer cet UT4M Chartreuse 2015. Au début du replat, je me retourne pour voir si quelqu’un me rattrape mais je ne vois personne. Je parviens à me remettre dans le rythme petit à petit. Je connais par cœur la fin du parcours et j’essaye de savourer.
Je me retourne une dernière fois à quelques centaines de mètres de l’arrivée quand je vois quelqu’un surgi de nulle part à un peu plus d’une centaine de mètres derrière moi! Je me fixe un dernier petit challenge : ne pas être rattrapé ! Nous arrivons sur le boulevard Jean Pain, plus qu’à traverser… mais non ils nous font prendre la passerelle et donc monter des escaliers ! Je ne lâche rien et je garde le rythme dans le dernier faux plat. Ça y est, il est 15h45 et la ligne d’arrivée est là ! Je franchis la ligne un peu cuit et pour cause : j’ai fait les 500 derniers mètres à près de 13 km/h !
Et là, j’entends le speaker qui annonce l’arrivée du 4ème solo… ça me fait bien rire sur le coup ! Il m’aura permis d’aller au bout de moi-même !

Ce fut donc une très belle course avec une superbe ambiance et une belle organisation. Vivement la prochaine!

12 commentaires à propos de “Récit de mon UT4M Chartreuse 2015”

  1. Un récit bien sympathique et félicitations à toi pour être allé au bout de toi-même, déjà en essayant de faire abstraction de ta douleur au dos, et puis pour le final 😉 J’adore le trail mais le dénivelé reste relatif tout là-haut dans mon Cotentin (quoique, on a de très bonnes montées aussi, ce n’est pas plat le Cotentin contrairement à ce qu’on pourrait croire), j’aimerai vraiment participer à un trail de montagne avec dénivelé waouh, une expérience à tenter ! (et pour tous ces splendides paysages)

    • Merci pour ton commentaire! Je découvre un peu le Cotentin via ton blog. Et je me rends compte une nouvelle fois de la chance d’habiter au pied des montagnes!
      Pour t’entraîner avant de venir faire un trail en montagne, tu peux très bien utiliser les quelques montées à ta disposition pour faire du fractionnés. Et faire des bonnes séances d’escalier!
      Après plus qu’à choisir un objectif qui te motive et à organiser tes congés en fonction de ça 😉

  2. Un grand Bravo!

    Tu à garder la motivation malgré les « bobos », et tu à pu aller au bout!
    Bravo parce que c’est sacrée bambée, mais une belle ballade dans nos montagnes!

    Ça ma donner envie pour 2016, affaire à suivre !

    A+ sur nos sentiers!

  3. Je l’avais aussi en objectif celui la mais pas sur le même rythme que toi, plus tranquillement 😉 ça sera pour l’année prochaine si mon genou me le permet….
    Content que tu te sois bien amusé et qu’il n’y ait pas eu de petits bobos durant le trajet! Tu as terminé à quelle place sur combien de participants?

    ++

    • Merci. Oui c’était cool et je suis soulagé de ne pas avoir eu de pépins physique.
      Je fais 72ème sur 323 donc je suis bien content de mon niveau de forme malgré ma courte préparation! ça me booste pour la suite 😉 Je pense que je vais enchaîner sur le 40km du Tetras Lyre mais en y allant cool cette fois!
      J’espère que ton genou va arrêter de t’embêter qu’on puisse se croiser sur une course.

      @+

  4. Je suis certain que si tu récupères bien et que tu gardes un super mental après cette réussite sur l’ut4m, tu vas faire encore mieux sur le 40 du tetras! C’est obligé! Tu vas courir plus détendu et plus serein et tu verras que les jambes vont y aller toutes seules 😉

    • Tu as raison je mise vraiment sur une bonne récupération (ce n’est plus le moment de forcer), l’UT4M m’a donné une bonne confiance et j’ai une grosse envie de faire ce parcours. Mais je veux vraiment prendre un départ cool et savourer. Mais c’est sûr que si les jambes suivent je vais peu à peu lâcher les chevaux!

  5. Bien vu le J, tu l’as bien gagné! et tu as acquis le capital confiance qui te permettra d’aller encore plus loin…. tout ça en gardant « l’esprit trail » et en ménageant le plaisir et l’envie, ce qui suppose une bonne gestion dans la durée (ni trop, ni pas assez!)… Vivre pleinement son rêve en somme!

    • C’est vrai que c’est une étape importante. ça m’a donné envie d’aller plus loin et conscience que je peux faire beaucoup plus. Mais il ne faut pas griller les étapes sinon le corps ne le pardonne pas!

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