Finisher de la Saintélyon 2017

La saison de trail s’est terminée en beauté avec cette belle Saintélyon. Le froid et la neige ont rendu cette édition magique! J’ai quand même un peu souffert et je vous raconte tout ça.

Je me suis décidé sur le tard à me lancer sur cette Saintélyon, les séquelles suite à ma chute au trail du Buis mettant du temps à disparaître. Après une petite coupure où j’ai maintenu un minimum la forme avec quelques séances de natation, j’ai commencé par une semaine de reprise à 3 sorties: 21 km et 592 m de d+ avec quelques exercices de renforcement musculaire. Mais ma préparation débute officiellement le 6 novembre.

Pour la suite, mon plan d’entraînement est simple : travailler un peu la vitesse sur le plat, faire du volume sur des parcours roulant et faire des sorties de nuit. Je réalise notamment une bonne sortie longue 15 jours avant l’événement.

Souhaitant respecter une baisse de la charge d’entraînement 10 jours avant la course, ça a donné 2 semaines et demie intensive ! Cela semble peu face aux 72 km et 1800 m de D+ à affronter de nuit et peut-être dans le froid. Mais je fais confiance aux acquis de ma préparation à l’Ultra Trail du Vercors. Ils datent certes de l’été mais je n’ai pas d’objectif de performance alors je ne suis pas inquiet.

L’approche de l’évènement

Finalement le réel casse-tête se pose sur le choix de l’équipement. Il va falloir attendre le dernier moment, en fonction de l’état du terrain et des conditions météo pour le choix des chaussures notamment. Le parcours est en effet agrémenté de nombreuses portions de bitumes, surtout sur la fin. Je suis donc plutôt tenté de partir avec mes chaussures de route (Saucony Ride 10) qui ont un peu d’accroche. Ce sera appréciable d’avoir des chaussures légères et amortissantes sur la fin !

Mais finalement, la neige est annoncée quelques jours avant et le froid s’installe dans la région. Cela règle le problème : la première moitié du parcours étant enneigée, je miserai donc sur l’accroche de mes Peregrine 7.

Pour le reste, je ne suis pas obnubilé par l’évènement. J’y pense mais sans en faire une obsession. Je tire les leçons de l’Ultra Trail du Vercors où je m’étais peut-être trop investi mentalement. Il faut remettre les choses à leur place. Il y a des choses plus importantes que le trail dans la vie en ce moment comme je le partage dans ce post Facebook quelques jours avant la course!

Néanmoins, je vais progressivement me mettre dans le bain 48h avant la course! Il est temps d’étudier un minimum le parcours pour se préparer.

Stratégie de course basique

Je ne veux pas trop me prendre la tête. Mais pour prendre du plaisir, je me dis qu’il faut que je parte dans une des deux premières vagues de départ. Le départ de Saint-Etienne sera en effet réparti en 6 vagues de 1300 coureurs, espacées de 10 minutes chacune. La première vague, incluant les 150 dossards élites s’élancera dès 23h30 et la dernière à 00h30.

Je ne veux pas être pris dans les bouchons dans les passages techniques et aux ravitaillements donc il faut que je me place plutôt vers l’avant de la course.

Pour le reste, l’idée est de prendre un départ relativement rapide, de sauter le premier ravitaillement pour ensuite lever un peu le pied à l’approche du ravitaillement de Sainte Catherine. Ensuite, je veillerai à être raisonnable dans les descentes goudronnées pour garder un peu de cuisses pour la fin de la course. Pour le reste, pas de calcul sur les temps de passage ou autre on verra bien suivant les sensations !

En route pour Saint-Etienne

L’aventure débute à 21h gare de la Part Dieu où je dois prendre le train pour me rendre sur le lieu de départ : le parc des expositions à Saint-Etienne. Le train aura un peu de retard dû à « l’attente d’une autorisation pour partir en raison du plus grand nombre de voyageurs que prévu » (ou un truc du style). Nous aurons finalement 20 minutes de retard et il n’en fallait pas plus !

Le temps de patienter dans le froid pour se faire fouiller à l’entrée, de se changer et de remettre le sac à la consigne (à retrouver à la Halle Tony Garnier à l’arrivée) et nous sommes à 45 minutes du départ.

Je m’empresse de me rendre sur la ligne de départ mais il y a déjà beaucoup de monde. C’est râpé pour être dans la première vague. Il fait très froid mais l’effet « pingouin » sur la ligne de départ fonctionne bien !

En termes d’équipement, j’ai opté pour un t-shirt technique manche courte, une deuxième couche manche longue et une veste coupe-vent.

Saint-Etienne – Saint-Christo en Jarrez

Le premier départ est donné à 23h30 mais je devrai patienter jusqu’à la deuxième vague de 23h40.

Départ Saintelyon 2017

C’est enfin parti ! Les 7 premiers kilomètres sont plat et sur bitume. Je ne sens pas mes pieds et les muscles sont froids ! Mais je vais vite me réchauffer et je décide même au bout de 15 minutes de retirer immédiatement mon coupe-vent pour ne pas trop transpirer ! Ces premiers kilomètres sont parfaits pour s’échauffer et commencer à remonter progressivement quelques places. Je veille tout de même à ne pas trop dépasser les 12 km/h.

Puis nous attaquons vraiment la course avec les premiers sentiers. Les premiers bouchons apparaissent lors de quelques passages étroits et montées raides. Mais il est assez facile de doubler alors je continue ma remontée. Je reste néanmoins prudent et je marche de temps en temps dans les portions raides pour garder du jus.

Quelques points de vues me permettent au passage d’admirer le bal des frontales au milieu de la nuit. Magique ! En plus, la neige a fait son apparition, elle est plutôt fraîche et rend cette première partie de course très agréable ! Moi qui étais un peu sceptique sur le caractère vraiment « trail » de cette course avec tout ce monde et les nombreuses portions de bitume, je suis déjà conquis.

Je ne vois pas le temps passé et j’aperçois déjà les lumières de Saint-Christo en Jarrez moins d’1h30 après le départ. De nombreux encouragements nous réchauffent.  A ce moment, j’ai donc réalisé 15,8 km et 495 m de D+ Il s’agit du premier ravitaillement et je décide comme prévu de le zapper. Je ralentis tout de même pour boire et prendre un gel énergétique.

Saint Christo-en-Jarrez  – Sainte Catherine

Cette partie comprend des jolis passages en balcons mais qui vont s’avérer fortement exposés au vent ! Je tarde un peu à remettre mon coupe-vent : je me suis bien refroidi. Cela ne calme certes pas mes ardeurs. Mais avec le recul, je pense que c’est ma principale erreur lors de cette Saintélyon. J’ai sûrement grillé de l’énergie inutilement pour la suite et mes premiers soucis au ventre sont liés à ce refroidissement.

Je suis tenté de m’arrêter au coin du feu mis en place par les courageux qui sont venus nous supporter sur les crêtes ! Mais pas question de traîner ici sinon je vais finir à boire le digestif avec eux 🙂

La neige est toujours là et la courte descente, caillouteuse, vers Sainte Catherine provoque les premières glissades sur des plaques de verglas ! Ça promet pour la suite…

Arrivé à Sainte Catherine, je prends le temps de boire une soupe chaude, de me réchauffer et de me ravitailler correctement. Mais pas trop, car le ventre souffre un peu du froid ! Cela fait 2h52 et il ne me reste « plus que » 44 km à parcourir me dis-je !

Sainte Catherine – Saint Genou-Le Camp

Je repars très doucement du ravitaillement pour laisser le temps à mon ventre de se calmer. Je fais bien car la suite nous réserve un sacré morceau ! La neige va ralentir mon avancée. La pente s’élève en plus assez sévèrement. C’est mon premier petit coup de moins bien. Plutôt que de patiner et griller inutilement de l’énergie, je choisis de marcher assez souvent lors des montées. Et je me dis que je vais retrouver la forme d’ici quelques temps.

Petit à petit je me force à relancer dans les portions moins raides et c’est reparti comme en 40 ! J’apprécie vraiment cette ambiance hivernale et le panorama. Mais je dois rester concentré car le verglas est de plus en plus présent !

Cela rend les descentes, déjà caillouteuses, extrêmement techniques voire un peu dangereuses. Les glissades sont nombreuses mais je mets quand même un peu de rythme. J’essaye de ne pas être trop crispé. Je ne ferai aucune chute malgré quelques dérapages plus ou moins contrôlés !

Après 4h36 de course, j’arrive à un nouveau ravitaillement. J’ai parcouru 41,4 km et 1277 m de d+. Malgré le coup de mou au début de cette portion, mes descentes engagées me permettent de passer de la 610ème à la 552ème place.

Concentré sur cette portion technique, j’ai été un peu léger sur l’hydratation et l’alimentation. Je bois 2 cocas, une soupe et un thé bien sucré au ravitaillement de saint-Genou. Mais j’ai désormais les cuisses qui commencent à brûler et le retour de maux de ventre. Jamais tranquille !

Saint Genou-Le Camp – Soucieu en Jarrest

Du coup, je prends le temps de redémarrer tout doucement car le ventre le supporte assez mal ! La neige a désormais complètement disparu du paysage et les portions bitumées vont devenir plus fréquentes.

Après avoir digéré le ravitaillement, je relance bien. Le parcours est de plus en plus en descendant. Je vais doucement sur les descentes goudronnées de peur que mes chaussures de trail ne tapent trop.

Je me sens bien sur cette portion et au moment d’arriver à Soucieu-en-Jarrest. Cela fait 5h57 et j’ai parcouru 52,3 km et 1521 d+.

Soucieu-en-Jarrest – Chaponost

J’ai assez peu de souvenirs sur cette partie de course, à part des descentes caillouteuses où il faut rester concentré. Le parcours n’est pas désagréable avec de nombreux passages en forêt. Mes cuisses brûlent de plus en plus et m’obligent à ralentir.

Mais les kilomètres défilent et mon esprit s’évade. Je prends conscience que j’ai la chance de ne pas avoir de bobo (pas de syndrome de l’essuie-glace !) et que je ne souffre pas trop jusqu’à présent. Bon tout est relatif parce que j’arrive au dernier ravitaillement de Chaponost un peu fatigué.

Cela fait 7h10 que je suis parti et il reste à peine 10 km. Je prends le temps de faire un bon dernier ravitaillement, j’apprécie le goût des clémentines et du fromage ! Une dernière petite soupe et c’est parti pour en finir !.

Chaponost – Lyon

Cette dernière partie va s’avérer un peu difficile mentalement. Je regarde ma montre et je me rends compte que je peux passer sous les 8h30. Mais cet objectif ne va pas me motiver à repousser la douleur. J’ai trop mal aux jambes et je commence à avoir mal à la plante des pieds. La fin comporte quelques côtes courtes mais assez raides. Je ne force pas.

A 3 km de l’arrivée, je vois Romain venu à ma rencontre sur son vélo. Ça me réveille un peu car je n’étais plus trop dans le rythme. Il va m’accompagner à distance lors de la dernière partie du parcours.

Le jour commence à se lever. Il est temps de se réveiller pour en finir ! Les descentes d’escaliers avant de traverser la Saône me font mal aux genoux et aux jambes mais je serre les dents. Ça y est je traverse le Rhône et j’aperçois au loin la Halle Tony Garnier.

Je franchis la ligne en 8h35min et je suis 630ème sur 5785 ! Pas mal pour une première Saintélyon et un double papa qui ne dort pas beaucoup!

Pour finir, voici une petit vidéo récapitulant le tracé:

 

8 commentaires à propos de “Finisher de la Saintélyon 2017”

  1. Même avec beaucoup d’entrainement, une super forme et un terrain sec, j’aimerai bien mettre le même temps que toi ! Encore bravo cette course semble être passée « toute seule » malgré les quelques douleurs à la fin. Ne connaissant pas ton nom je n’ai pas pu te suivre et quand tu es passé à coté de chez moi je m’étais – temporairement – recouché ^^
    Encore bravo !

    • Salut Enzo.

      Merci. J’ai pu compter sur mes acquis et une bonne fraîcheur. Bon, le petit manque de préparation s’est quand même ressenti au niveau musculaire 🙂

      C’est Jerome Roux qui se cache derrière « reveurdetrail ». ça aurait été un plaisir de te croiser mais mon petit doigt me dit qu’on aura pas mal d’autre occasions 😉

      A bientôt,

  2. Encore bravo! Je t’ai suivi de temps en temps sur live trail vu que je ne pouvais pas vraiment dormir ( tu sais sans doute pourquoi 😉 )
    J’étais super content pour toi quand tu as franchis la ligne d’arrivée! Finisher ! Belle revanche de l’UTV de Septembre même si le profil de course n’est pas le même, faut arriver à gérer la nuit, le froid glacial et le manque de sommeil !
    Bravo Jérôme

    • Ah ah ah la joie des réveils nocturnes je compatis!
      Paradoxalement, l’UTV m’a donné des certitudes et a été un tournant. Cet « échec » m’a fait évoluer et a été aussi une source de motivation!
      En tout cas, merci de me suivre depuis tout ce temps ça me fait super plaisir!! Et à bientôt 😉

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